La Wii est une machine pleine de paradoxe, et qui suscite bien des passions. Symbole à la fois du retour de Nintendo au premeir rang mondial des constructeurs de consoles, et de l'élargissement du marché à un plus large public, elle s'est attirée les foudres d'une partie des joueurs historiques, des gamers.
Nintendo et moi
Je suis un joueur expérimenté, un gamer comme on dit, qui a grandi avec une manette Nintendo dans les mains. Et si j'ai eu régulièrement accès aux machines concurentes de SEGA, de la Master System au Mega-CD, c'est essentiellement avec des jeux comme Legend of Zelda, Super Mario Bros ou encore Metroid chez Nintendo, mais aussi Megaman chez Capcom et Castlevania chez Konami, que j'ai fait mes premières armes, et construit ce qui deviendrait mes exigences futures de joueur en terme de qualité et de gameplay.
La première console qui fut mienne...et qui l'est toujours ! Une bonne vieille NES des familles (déjà à l'époque) !
Nintendo, j'ai suivi sans écart jusqu'à la Nintendo 64, où le rythme des sorties intéressantes, trop faible, m'a poussé à compléter par une PlayStation de chez Sony, qui fut le déclic qui me poussa à accroître considérablement ma collection de jeu. A la génération suivante, le GameCube vint après la PlayStation 2 et la SEGA Dreamcast, mais mon amour de joueur pour la marque de Kyoto demeurait quasi-intact. On peut donc dire que j'étais un fan de Nintendo, même si je m'étais ouvert aux autres productions depuis quelques années déjà, lorsque l'ancien projet Revolution, devenu Wii, fut disponible dans les magasins.
Espoirs et déboirs
Le projet Revolution, ce fut d'abord moult espoirs et fantasmes de joueur. La promesse d'un Eden vidéoludique, d'un bouleversement majeur de notre façon de jouer. Tous et n'importe quoi fut "fuité, et espéré : 3D holographique, manette disposant d'un écran tactile, reconnaissance des mouvements, machine inférieure à la Microsoft Xbox 360 mais dépassant malgré tout allègrement le gigahertz, etc. Le projet Revolution, en devenant la Wii - nom qui souffla le chaud et le froid lors de son annonce - s'accompagna de plusieurs déceptions à la mesure des chimériques espoirs que la rumeur avait entretenue au sujet de la console : une vulgaire télécommande à accéléromètre en guise de manette à laquelle il faudrait adjoindre une sorte de nunchaku (Wiimote et Nunchuk pour ceux qui n'auraient pas suivi), Wiisport, pas de nouveau Super Mario mais un mode miroir de Legend of Zelda Twilight Princess que nous attendions depuis deux ans sur GameCube, une puissance à peine égale à 150% de leur machine précédente (juste le pire de ce que les rumeurs pressentaient), ouverture des jeux au très grand public et à la famille (quésaco casualisation ? et nous alors ?). Il y avait en effet de quoi se sentir oublié, voire trahi lorsqu'on était un gamer, qui plus était fidèle à la marque au plombier, en voyant débarquer ce GameCube 1.5 avec sa télécommande à agiter de façon des plus douteuses. La Wii fut peut-être la première console de salon majeure à démarrer avec un capital sympathie déjà aussi entamé avant même sa sortie, ou tout du moins une réserve aussi marquée de la part de certains joueurs, et ce malgré un certain enthousiasme de la presse sur sa "nouvelle façon de jouer", concept que la très complète Nintendo DS venait depuis peu de faire entrer dans les foyers avec un succès surprenant, tel le fameux Cheval de Troie.
Me rangeant clairement parmi les plus déçus, je choisissais d'oublier la Wii, achetais mon Twilight Princess sur GameCube, et investissait finalement dans une Xbox 360 d'occasion, qui après quelques mois difficiles en terme de ludothèque, parvint à me satisfaire pleinement, avec des jeux comme The Elder Scrolls IV Oblivion, Gears of War, Bioshock ou encore Dead or Alive 4, d'autant plus facilement que mon ancien PC présentait déjà des signes de fatigue à cette époque et que des mes anciennes 128 bits, seule la PlayStation 2 s'offrait encore quelques sorties allèchantes. Et cette très bonne machine HD, qui rejoint ma DS achetée au day one pour les futurs Metroid et Castlevania, et qu'une Sony PSP vint compléter, me servit d'épine dorsale vidéoludique avec mon PC jusqu'à ce que, finalement, deux semaines avant l'annonce de sa future baisse de prix mi-2009, je décide de m'acheter une Wii avec ma copine, avec un ensemble manette supplémentaire, Super Mario Galaxy, Super Mario Kart Wii et Metroid Prime 3 Corruption. Le chaud et le froid une nouvelle fois.
La Wii. Pour certains l'invention du siècle, pour moi un concentré de frustrations ; plus en raison de sa Wiimote que de sa puissance d'arrière-garde d'ailleurs.
Man... Wiimote en main
Si Super Mario Galaxy, très classique en dehors de son inutile secouage de Wiimote, et Super Mario Kart Wii via un pad GameCube, tinrent leur promesse, ce fut l'aspect duquel j'attendais le plus de choses de la Wii, à savoir le gameplay FPS de Metroid Prime Corruption, qui me fit faux-bond. Pour moi, habitué tant aux manettes sur consoles qu'au combo clavier-souris cher aux jeux PC et étant même capable de me démerder en arcade, la Wiimote et son Nunchuk furent juste un cauchemar pour Metroid. En une heure et demie d'essais infructueux, je demeurais à la fois trop lent et trop imprécis pour m'en sortir dans les combats de ce jeu plutôt nerveux. J'en vins rapidement à incriminer la maniabilité de la Wiimote, trop flottante voire traîtresse par rapport à une manette classique, et à maudir la très mauvaise gestion de l'effet de bord, lorsque le pointeur de visée venait se coller sur la limite de l'écran, comparativement à un FPS sur PC. Mon frère, pourtant bien meilleur joueur que moi (car moi solo et plus jeune, tout en étant aussi expérimenté), arriva à la même frustration et la même conclusion, sans que je ne l'ai prévenu de mon ressenti sur le jeu au préalable. Je ne m'attaderai pas sur Wiisport et Wiiplay, qui pour moi sont juste imbuvables et ennuyeux au possible.
"La nouveauté de la mort apportée par la Wii : le jeu en famille". Sauf que ça je le faisais déjà dans les années 1980/90 avec mes consoles 8 et 16 bits.
Pas si mauvaise, et pourtant...
Si cette expérience m'a fait haïr d'avantage encore la console, dont le seul véritable ajout éclatait tel un pétard mouillé par son manque de précision et se devait d'être complété d'un trop coûteux Motion Plus (portant le prix d'une manette Wii complète dans la stratosphère), cela ne m'a pas empêcher d'y ajouter quelques jeux gamers, comme No More Heroes (pas si extra que ça même si le trip est sympa), Madworld (très bon défouloir, même si je vois mal en quoi la Wiimote est indispensable à rendre le jeu bon) ou encore Oboro Muramasa de Vanillaware (un jeu exceptionnel... à la manette !). Je sais qu'il me manque des Fire Emblem Radiant Dawn, Super Paper Mario, des The Conduit et autres Silent Hill Shattered Memories pour parfaire ma ludothèque en titres aboutis, mais la Wii n'a définitivement pas ma priorité, ayant de très nombreuses consoles (de la NES à la 360) - à mes yeux pourvues en titres bien plus intéressants et surtout moins décevantes en tant que machines - à nourrir. J'avoue avoir pesté un long moment contre le manque de bons jeux de la console, mais le temps aidant, c'est bien leur présence à ces jeux gamers qui m'a infléchi jusqu'à l'achat. De même, le prix des jeux Wii est bien plus raisonnable que chez la concurrence, affichant 20€ de moins - voire d'avantage - au compteur. Et puis, pour moi, il y a toujours un problème, autre que l'imprécision du gameplay de certains jeux, les graphismes sous-exploités de cette Wii qui demeure plus puissante que son ancêtre, ou le raz-de-marée quotidien de mini-games médiocres surfant sur la vague du casual gaming, dont Rayman contre les Lapins Crétins est à mes yeux l'ambassadeur.
What's the f**king problem ?
Mais c'est bien sûr !
Ce problème, j'ai cherché très longtemps, et râlé tout autant, je ne m'en cache pas, avant de le trouver au détour d'une nouvelle discussion "pro versus anti Wii" : objectivement parlant, aucun des grands jeux gamers de la Wii ne nécessite... d'être sur Wii ! Legend of Zelda Twilight Princess, Metroid Prime 3 Corruption, Super Mario Galaxy, Muramasa The Demon Blade, Super Paper Mario, Mario Kart Wii... aucun de ces jeux ne deviendrait mauvais, ou moins profond, avec une manette classique ou un combo clavier/souris au lieu de la reconnaissance de mouvement de la console, argument enforcé puisque tous ont été précédés de titres allant de l'excellent au mythique, dans leurs propres ascendances, qui ne fonctionnaient pas à la Wiimote ! Il est là, ce malaise indistinct qui hantais mes sensations de joueur. Finalement, seuls les party games plus ou moins casuals - dont les meilleurs me tiennent éveillé une minute montre en main - n'auraient pu voir le jour sans la Wiimote. Du coup, l'accessoire "miracle", la nouvelle manière de jouer qui a ramené Nintendo dans les bonnes graces des charts mondiaux, et qui a attiré toute une nouvelle frange du public, m'apparaît comme définitivement comme la fumisterie ultime, le gadget qui, en fin de compte, ne sert vraiment à rien.
Libre à vous de ne pas être de mon avis, mais je trouvais intéressant de développer un peu tout ce cheminement qui fait que malgré ses qualités réelles, Wii, je n'aime pas la oui (ou l'inverse) ! Et merci à toutes celles et ceux qui auront le courage de lire ce pavé !